Théâtre Hébertot : « Pauvre Bitos – le dîner de têtes » de Jean Anouilh, précurseur du « Dîner de cons »

"Pauvre Bitos - le dîner de têtes" de Jean Anouilh : un "Dîner de cons" avant l’heure au théâtre Hébertot, à Paris
          "Le Diner de cons" de Francis Weber fait étonnamment écho à ce "Dîner de têtes", sous-titre de "Pauvre Bitos", la pièce de Jean Anouilh de 1956.

Le film « Le Dîner de cons » réalisé par Francis Weber présente des similitudes surprenantes avec la pièce « Pauvre Bitos » de Jean Anouilh, également connue sous le titre de « Dîner de têtes », qui a été écrite en 1956.

Pauvre Bitos – le dîner de têtes : une comédie politique à ne pas manquer

La pièce de Jean Anouilh, écrite en collaboration avec son épouse Nicole, évoque inévitablement « Le Dîner de cons », la pièce de Francis Weber de 1993 qui a été adaptée au cinéma en 1998. Dans ce cercle de bourgeois qui invitent un « con » pour se moquer de lui, c’est finalement leur propre ridicule qui ressort. « Pauvre Bitos – le dîner de têtes » préfigure cette histoire de plus de 40 ans, mais explore d’autres thématiques, plus politiques, notamment autour de la tyrannie du discours vertueux pour accéder au pouvoir.

Maxime d’Aboville et Adrien Melin ont réduit la pièce originale de trois heures à une heure vingt, offrant ainsi une comédie grinçante au rythme enlevé, portée par une belle mise en scène et huit comédiens et comédiennes qui excellent dans leurs rôles. « Pauvre Bitos – le dîner de têtes » est à découvrir au théâtre Hébertot, à Paris, jusqu’au 31 mars.

Une première depuis 1967

L’histoire se déroule quelques années après la Libération, où un groupe d’amis de province organise un « dîner de têtes » où chacun se déguise en grandes figures révolutionnaires pour le repas. André Bitos, un modeste magistrat à la réputation irréprochable, est mis à l’honneur en Robespierre. Alors que les procès pour collaboration se multiplient, la haute société qui l’entoure va se retourner contre Bitos lors d’un jeu cruel visant à remettre en question son intégrité.

Selon Thierry Harcourt, metteur en scène, « Pauvre Bitos » n’avait pas été montée depuis 1967. Créée en 1956, à une époque où la France était encore marquée par les conflits en Indochine et en Algérie, la pièce de Jean Anouilh a suscité des réactions contrastées, entre scandale et succès.

Père la vertu

Anouilh aborde de front la question de la collaboration, soulignant sa pertinence en 1956 et interrogeant la nature humaine à travers les actions des personnages. Les convives de Bitos le désignent comme un humaniste autoproclamé, prêt à agir en despote grâce à son intégrité affichée. Leur objectif : le faire boire pour le pousser à révéler ses véritables pensées sur l’institution qu’il sert, et ainsi le destituer de sa fonction.

Malgré leur plan, Bitos, d’abord antipathique sous les traits du père la vertu, finit par attirer la sympathie du public face à ses manipulateurs. La pièce jongle habilement entre comédie et étude de mœurs, dénonçant les simplifications manichéennes tout en divertissant. La mise en scène soignée de Thierry Harcourt met en lumière huit comédiens et comédiennes dans des costumes du XVIIIe siècle, redonnant vie à un texte perspicace et drôle, toujours aussi percutant.

Ne manquez pas « Pauvre Bitos – le dîner de têtes » au Théâtre Hébertot à Paris, une pièce qui allie humour et profondeur, et qui continue de faire réfléchir et divertir son public.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut