Talli, une broderie traditionnelle menacée, perpétuée par des femmes aux Emirats, inscrite à l’Unesco.

Aux Emirats, des femmes perpétuent l'art du Talli, une broderie traditionnelle menacée de disparition
          Inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco en 2022, le talli est pratiqué dans plusieurs des émirats qui forment le pays mais son origine est difficile à déterminer, selon Mohammed Hassan Abdelhafez de l'Institut du patrimoine de Charjah.

En 2022, le talli a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, ce qui témoigne de son importance dans plusieurs émirats des Émirats arabes unis. Cependant, l’origine de cette pratique reste floue et difficile à déterminer, comme l’explique Mohammed Hassan Abdelhafez, chercheur à l’Institut du patrimoine de Charjah.

Transmission d’un savoir-faire ancestral menacé

Dans l’émirat d’Abou Dhabi, loin de l’effervescence des gratte-ciel de Dubaï, Mariam al-Kalbani perpétue la tradition du talli, une broderie ancienne inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette septuagénaire, aux mains ornées de tatouages au henné, enseigne à une jeune émiratie les secrets de cet artisanat menacé de disparition dans la région du Golfe. C’est lors d’un festival dédié à l’artisanat local à Al-Ain que Mariam partage son savoir-faire ancestral.




Des femmes émiratie tissent du fil selon la méthode Al Talli, une technique de tissage locale traditionnelle, lors d'un festival annuel du patrimoine à Al-Ain le 10 novembre 2023. (KARIM SAHIB / AFP)

Mariam souligne la complexité de cet art qui peut nécessiter jusqu’à cinquante fils différents pour réaliser des motifs. Même les motifs les plus simples demandent jusqu’à trois heures de travail pour un mètre de broderie. L’apprentissage du talli est une tâche laborieuse qui peut prendre un à deux ans, avec un cours par semaine, comme l’explique Mariam qui pratique cet art depuis son adolescence.

Préservation d’un patrimoine menacé

L’origine du talli remonte à des temps anciens, et bien que sa véritable origine soit difficile à déterminer, il est essentiel que ce savoir-faire soit transmis de génération en génération pour être reconnu par l’Unesco. Malheureusement, Mariam n’a pas réussi à transmettre sa passion à ses enfants, à l’exception de sa petite-fille de trois ans qui semble fascinée par son travail. Des jeunes comme Rim al-Ketbi, âgée de 23 ans, se montrent tout de même intéressées par cette tradition, considérant la préservation du patrimoine émirati comme un acte d’amour envers leur pays.

Les Émirats arabes unis ont connu une transformation sociale et économique majeure au cours des dernières décennies, notamment à travers le développement de Dubaï. Cependant, malgré cette modernisation, le pays a toujours cherché à préserver ses traditions et son mode de vie, une volonté soulignée par Mohammed Hassan Abdelhafez.

Valorisation de l’artisanat traditionnel

Au festival de l’artisanat et des industries traditionnelles d’Al-Ain, le talli n’est pas le seul métier traditionnel à être mis en avant. Des danses traditionnelles et la fabrication du sadu, un tissu utilisé pour divers objets traditionnels, témoignent de la richesse du patrimoine culturel émirati. Les autorités d’Abou Dhabi soutiennent les artisans locaux en proposant des formations, en particulier pour le talli, considéré comme menacé de disparition.

Dans sa boutique, Kalthoum al-Mansouri, qui orne divers objets de talli, exprime sa préoccupation quant au désintérêt des jeunes pour cet artisanat. Elle appelle les nouvelles générations à prendre le relais, consciente que la préservation de ces traditions est essentielle pour l’avenir du patrimoine émirati.

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