Selon une étude réalisée par l’association Elles Women Composers, seuls 6,4 % des morceaux prévus pour la saison 2022-2023 en France ont été écrits par des compositrices. Cette proportion relativement faible met en lumière le déséquilibre persistant entre les sexes dans le domaine de la composition musicale. En effet, malgré les progrès réalisés en matière de diversité et de représentation, les femmes demeurent largement sous-représentées dans la programmation musicale. Cette étude souligne donc la nécessité d’une plus grande visibilité et reconnaissance des talents féminins dans le domaine de la musique classique.
Les femmes compositrices sous-représentées dans la musique classique
Une étude de l’association Elles Women Composers, parue récemment, met en lumière la faible présence des compositrices dans les programmes de musique classique en France. Sur les 14 892 œuvres analysées pour la saison 2022-2023 dans 214 structures musicales, seuls 6,4% ont été composés par des femmes, selon Héloïse Luzzati, violoncelliste et fondatrice de l’association. Ces œuvres féminines ne représentaient que 4% du temps total de programmation.
Une responsabilité partagée
Selon Héloïse Luzzati, plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation des femmes compositrices. L’histoire de la musique a souvent occulté le rôle des femmes, même celles qui ont rencontré du succès de leur vivant ont été oubliées par la suite. Chacun, à son niveau, a sa part de responsabilité dans cette disparition.
Les musicologues et éditeurs de partitions n’ont pas toujours entretenu l’héritage des compositrices, qui ont parfois peu déposé leurs œuvres en bibliothèque. De plus, certaines compositrices du XXe siècle n’ayant pas eu de descendance ont vu leur travail rapidement oublié. En revanche, certaines proches ont su préserver l’héritage de compositrices comme Lili Boulanger et Mel Bonis, qui ont été parmi les plus programmées en France.
« On hérite de cette absence d’héritage »
Héloïse Luzzatià franceinfo
La méconnaissance, le manque de publications et d’éditions des partitions, ainsi que les habitudes de programmation contribuent à la sous-représentation des compositrices dans les programmations actuelles.
« Pas une semaine sans découvrir le nom d’une compositrice »
Héloïse Luzzati souligne qu’il est difficile de comparer le nombre de compositrices à celui de compositeurs à travers l’histoire. Elle affirme cependant qu’elle découvre régulièrement de nouvelles compositrices, soulignant l’infinité de talents méconnus. Pour faire connaître ces artistes, son association a réalisé des vidéos sur plus de 100 compositrices, rendant ainsi leur musique accessible à un large public.
En mettant en avant des figures telles que Charlotte Sohy, Rita Strohl, Clémence de Grandval et Jeanne Leleu, Héloïse Luzzati souhaite valoriser le travail des compositrices et élargir leur reconnaissance.
Une prise de conscience progressive
Malgré les obstacles, Héloïse Luzzati constate une évolution dans la visibilité des compositrices ces dernières années. Si la représentation des femmes compositrices progresse dans les discussions, elle souligne que cela ne se traduit pas toujours dans les actions concrètes.
« Bien sûr qu’il y a une prise de conscience de la société sur la place des femmes, c’est une évidence, et dans le secteur de la musique classique aussi, j’espère. Mais ce n’est pas une certitude pour tout le monde ».
Héloïse Luzzatià franceinfo
Héloïse Luzzati insiste sur le fait que l’objectif n’est pas d’établir des quotas entre compositeurs et compositrices, mais plutôt de valoriser la diversité musicale et l’apport des femmes dans l’histoire de la musique.
