Sophie Avon : « Le Goût du bonheur » sur les cendres des incendies de Landes

"Le Goût du bonheur" de Sophie Avon : sur les cendres incandescentes des grands incendies
          Durant l'été 2022, la grande forêt des Landes connaît des incendies d'une ampleur effrayante. 30 000 hectares partent en fumée. Le roman de Sophie Avon raconte comment ces flammes et bois brûlés changent la vie des habitants d'une charmante maison de campagne.

Pendant la saison estivale de l’année 2022, la vaste forêt des Landes est ravagée par des incendies d’une intensité terrifiante, détruisant pas moins de 30 000 hectares de végétation. Sophie Avon, à travers son roman, nous plonge dans le récit poignant des conséquences de ces flammes dévastatrices et des bois brûlés sur la vie des habitants d’une charmante demeure campagnarde.

Une interview à la librairie Mollat de Bordeaux

Lors d’une discussion à la librairie Mollat de Bordeaux, Sophie Avon, écrivaine de renom, partage son expérience concernant son dernier roman intitulé « Le Goût du bonheur ». Elle décrit l’évolution de cette histoire, passant d’une petite fantaisie à une véritable tragédie. Au commencement, Paul, sa sœur Lili et son compagnon Jo, s’installent dans une charmante maison de campagne landaise. Cette vieille bâtisse est entourée d’un jardin luxuriant, abritant un vieux chêne, des cerisiers, un majestueux cèdre, des oiseaux et une végétation verdoyante.

Cet endroit est un véritable havre de paix, empreint de bonheur avec ses arbres, ses fleurs et le silence de la forêt. Un grand chêne, marqué par les années, trône au fond du jardin, symbolisant le passage du temps et la fragilité de toute existence. Cette image pourrait-elle être une métaphore de la vie sur cette terre ?

La nature comme décor

La maison devient le témoin des souvenirs de famille. Les parents de Paul et Lili ont fui l’Algérie et ont perdu leur maison, leur terre, leur passé. Paul incarne pour Lili le grand frère romantique. Au fil des saisons, le lecteur découvre ce portrait familial où la nature environnante joue un rôle majeur : les aulnes, le magnolia, un liquidambar et des pins à perte de vue, symboles des Landes.

Cependant, un été, un drame survient : un incendie ravage la région. Les destins des personnages basculent vers la tragédie. Certains perdent tout, d’autres leur raison, et la vengeance plane dans l’air. Le « goût du bonheur » laisse place à l’amertume des cendres.

Face au dérèglement climatique

Sophie Avon évoque de manière subtile les premiers signes du dérèglement climatique, bien avant que la nature ne soit ravagée par les flammes. Le feu, cet « ogre » redouté par les habitants, anéantit tout sur son passage, laissant derrière lui la noirceur des cendres. Les avertissements de la nature sont présents, mais souvent ignorés, tout comme ces catastrophes naturelles lointaines qui peuplent nos écrans.

Face à l’incendie, le style de Sophie Avon évolue. L’urgence se fait sentir, la peur et le désespoir se mêlent dans un récit haletant. Les drames des proches et des voisins se succèdent, rappelant les tragédies passées de la région.

Reconstruire malgré tout

Après le sinistre, certains partent, d’autres restent pour reconstruire leur vie. La ferme réduite en cendres, les poules disparues, la douleur est palpable. Personne n’en sort indemne. Mais malgré tout, il faut continuer à avancer, en espérant échapper au prochain incendie. Car finalement, cette maison du bonheur est le seul refuge qui reste.

Sophie Avon, en une centaine de pages, nous transporte d’une nature apaisante à l’horreur des flammes. Romancière et critique de cinéma, son récit est parsemé de références au 7e art, soulignant les parallèles entre la fiction et la réalité. Son roman, « Le Goût du bonheur », publié chez Mercure de France, est une ode à la nature, à la vie et à la résilience.

Extrait : Il avait anticipé le vide en achetant dans les Landes une vieille bâtisse idéale pour les vacances. Le terrain regorgeait de vie : un vieux chêne, des cerisiers, un cèdre majestueux, des oiseaux et de la chlorophylle. Il pouvait y investir tout son argent puisque désormais, il n’avait plus à se soucier d’en gagner davantage. Après avoir frisé la ruine et côtoyé la fortune, il conservait une rente à sa mesure. Il n’était plus question pour lui que de transmettre ce qu’il possédait, et de profiter du temps qui restait. « Dernier tour de piste ! », lançait-il en souriant. (« Le Goût du bonheur », page 8)

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