Situation en Nouvelle-Calédonie après une semaine d’émeutes : écoles fermées, accès aux soins compliqué

Education, santé, transports… On fait le point sur la situation en Nouvelle-Calédonie après plus d'une semaine d'émeutes
          Sur l'archipel, les collèges et les lycées sont fermés jusqu'à au moins vendredi et l'accès aux soins est toujours compliqué pour les malades, huit jours après le début des violences.

Les établissements scolaires de l’archipel resteront fermés au moins jusqu’à vendredi, tandis que les habitants rencontrent toujours des difficultés d’accès aux soins, une semaine après le début des troubles.

Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est en proie à des violences sans précédent depuis près de quarante ans. Six personnes ont perdu la vie depuis le début des émeutes, ce qui a poussé Emmanuel Macron à annoncer son voyage en Nouvelle-Calédonie « dès ce soir », selon les déclarations de la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, à l’issue du Conseil des ministres du mardi 21 mai. L’état d’urgence reste en vigueur en attendant une possible prolongation. Ces tensions croissantes, issues du vote d’une réforme constitutionnelle préconisée par Paris et rejetée par les indépendantistes, ont un impact majeur sur la vie quotidienne des Calédoniens. Franceinfo fait le point sur cette crise en cours.

### Les collèges et les lycées restent fermés

Les écoles en Nouvelle-Calédonie ont fermé leurs portes. Alors que seuls les établissements scolaires de Nouméa étaient concernés par la fermeture en raison des émeutes depuis le 14 mai, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a décidé de suspendre les cours dans les collèges et lycées, du mardi au moins jusqu’au vendredi, dans toute l’archipel.

Plus de 28 000 élèves sont impactés par cette décision, qui prendra fin lorsque toutes les conditions de sécurité seront réunies, selon le communiqué officiel. Cette période sera mise à profit pour planifier la reprise des activités d’enseignement en prenant en compte tous les aspects matériels, humains et psychologiques, avance le gouvernement calédonien. Plusieurs établissements ont été endommagés depuis le début des émeutes.

Concernant le premier degré et ses 32 000 élèves, les modalités de fonctionnement sont décidées directement par les communes et provinces, précise le communiqué. Les écoles fermées proposent un enseignement à distance pour que les élèves puissent continuer à travailler chez eux. Par exemple, à Pouembout, les parents peuvent récupérer des dossiers pour leurs enfants à la mairie, comme indiqué sur la page Facebook de la municipalité.

Cependant, selon un responsable d’un centre de formation en alternance, la continuité pédagogique reste plus compliquée à mettre en place que lors de la crise du Covid-19 pour le secondaire et le supérieur. Certains élèves ne peuvent pas se connecter, d’autres ne sont pas chez eux. De plus, certains professeurs assurent la sécurité de leur quartier, explique Charles Roger, directeur de la Chambre de commerce et d’industrie.

### L’économie locale durement touchée

Les émeutes ont des répercussions économiques majeures. Environ 400 entreprises et commerces ont été endommagés, notamment par des incendies, à Nouméa et dans les communes avoisinantes, ont annoncé les autorités. La chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie a lancé un appel pour protéger ce qu’il reste de l’économie de l’archipel. Selon elle, plus de 150 entreprises ont été pillées et incendiées, laissant plus de 1 000 employés sans emploi.

Le président de la chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie a estimé sur France Culture que les dégâts s’élèveraient à un milliard d’euros. Ce chiffre a été révisé à la hausse, étant initialement de 200 millions d’euros il y a quelques jours. Cette situation est considérée comme critique à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, touchant tous les secteurs d’activité, en particulier le commerce, l’industrie et de nombreux services, notamment les concessionnaires automobiles.

### Difficulté d’accès aux soins pour les malades

La crise en Nouvelle-Calédonie affecte également le système de santé. Selon Yannick Slamet, membre du gouvernement local en charge de la santé, le personnel médical doit pouvoir accéder aux établissements de santé et être remplacé régulièrement. Malgré tout, les stocks de médicaments restent suffisants.

En plus des soignants, de nombreux patients ne peuvent pas se rendre dans les centres médicaux. Par exemple, un habitant souffrant de diabète est décédé chez lui faute de pouvoir se rendre à ses séances de dialyse en raison des barrages routiers. Une femme enceinte a également perdu son bébé faute de pouvoir se rendre à l’hôpital.

Renaloo, une association de patients atteints de maladies rénales, a demandé la mise en place d’un plan d’action d’urgence. Alors que 700 personnes sont dialysées sur l’archipel, les structures de dialyse sont inaccessibles et saccagées, rendant les livraisons impossibles, même pour les patients dialysés à domicile.

### Perturbations routières et fermeture de l’aéroport

Les opérations de déblaiement des routes se poursuivent dans l’agglomération de Nouméa. Les principaux axes routiers sont progressivement dégagés des barrages érigés lors des émeutes. Certaines grandes surfaces ont pu rouvrir et sont en cours de réapprovisionnement.

Dans les supermarchés, la crainte des pénuries est présente. Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie assure qu’il y a deux mois de stocks disponibles, mais reconnaît des difficultés d’approvisionnement dans certaines régions en raison des barrages routiers. La fermeture de l’aéroport de Nouméa-La Tontouta aux vols commerciaux a été prolongée, mais un formulaire a été mis en ligne pour organiser l’accueil des touristes français bloqués dans l’archipel.

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