Roman à succès « Les Détails » de Ia Genberg : labyrinthe de souvenirs.

"Les Détails" de Ia Genberg : dans le labyrinthe des menus souvenirs
          Ia Genberg est une autrice à succès en Suède. Son roman "Les Détails" s'est vendu à plus de 200 000 exemplaires dans son pays et a été traduit dans 30 pays. Paru aux éditions Le bruit du monde, une maison installée à Marseille, c'est un texte venu du nord qui bouleverse par son ton délicat et mélancolique.

Ia Genberg est une écrivaine renommée en Suède, reconnue pour le succès de son livre intitulé « Les Détails ». Ce roman a connu un véritable engouement, avec plus de 200 000 exemplaires vendus dans son pays d’origine et une traduction effectuée dans 30 pays différents. Publié par les éditions Le bruit du monde, une maison d’édition basée à Marseille, ce livre provenant du nord se distingue par son style délicat et mélancolique qui a su captiver un large public.

L’histoire :

Dans le livre « Les Détails » de l’écrivaine suédoise Ia Genberg, nous découvrons non pas une, mais quatre histoires qui se succèdent. La narratrice évoque quatre personnes qui ont marqué sa vie, jalonnant son existence. Ces souvenirs, qu’ils soient heureux ou tristes, de ces amitiés ou amours passés, sont nommés « les détails », prenant des formes diverses et construisant ainsi un journal intime.

Johanna était son amoureuse, lui laissant en souvenir un livre de Paul Auster écorné et un Post-it langoureux, retrouvé dans « La trilogie new-yorkaise ». Elle partageait sa vie avec Johanna, partageant également ce livre avec elle. C’était un amour fait de chair et de livre, un détail qui mélange souvenir et objet, la mémoire se basant sur une carte postale, un Post-it retrouvé, remontant ainsi le passé à la surface. Cela pourrait sembler anodin, presque banal, mais c’est profondément émouvant.

Le détail de Niki, une sorte de meilleure amie colérique qui aimait boire sur le toit de leur appartement, était une machine à écrire portative où les espoirs d’écriture se sont brisés. Alejandro, aussi beau qu’un dieu, laissa dans son âme sa danse avant de partir vers un autre monde… et un enfant. Enfin, la dernière apparition est celle de sa mère, Birgitte. Les « détails » maternels se résument à quelques photographies de l’adolescence et de la folie. « Elle descendit dans l’abîme et n’en revint qu’une seule fois. Cet hiver-là. Le monde continua à être le terrain de jeu de son âme. Mais les cris, la folie disparurent en même temps que son regard errant… »

Un livre en souvenir

« Les Détails » est un roman de la fin du siècle dernier et du début du nouveau millénaire. Il raconte l’histoire d’une jeunesse suédoise, mais qui pourrait être celle de n’importe quel pays européen, pensant avant le passage à l’an 2000 découvrir un monde lumineux. La plume de Ia Genberg est lumineuse. C’est aussi le récit de la littérature qui accompagne la vie de la narratrice. Elle aspire à devenir écrivaine, mais entre procrastination et échecs, ce sont les lectures qui prennent le dessus sur son écriture. Ainsi, les livres deviennent les béquilles d’une vie fatiguée. Calvino, Auster, Enquist, Kundera, et bien d’autres, retrouvés des années plus tard dans un coin de sa bibliothèque, évoquent une nuit, un soir, un paysage, une étreinte.

Le lecteur est invité à pénétrer dans cette existence un peu flottante, un peu éthérée, où la dure réalité surgit par moments. Johanna la quitte : « Mais de la même manière que l’on ne choisit pas sa mort, on ne peut pas choisir la suite d’une relation terminée. » Niki disparaît sans laisser de trace, tandis que le trop beau Alejandro promet de revenir un jour. « Les Détails » est un journal intime étrange et captivant, plongeant dans les souvenirs, les livres et les lumières du nord.

Extrait :

« La littérature était notre jeu favori, à Johanna et moi, nous nous faisions découvrir des écrivains et des thèmes, des époques et des régions, et des œuvres anciennes ou plus contemporaines de différents genres littéraires. Nos goûts étaient similaires tout en étant suffisamment distincts pour déboucher sur des conversations intéressantes. À propos de certaines œuvres, nos points de vue divergeaient (Oates, Bukowski), d’autres nous laissaient toutes les deux indifférentes (Gordimer, la fantasy) et nous partagions un amour pour d’autres encore (Östergren, Krilon, Lessing). Je déduisais ce qu’elle pensait d’un livre à sa vitesse de lecture. Rapide (Kundera, tous les polars), je savais qu’elle s’ennuyait et cherchait à en finir au plus vite ; trop lente (Le Tambour, toute la science-fiction), elle s’ennuyait tout autant mais luttait pour avancer. Elle mettait un point d’honneur à terminer les livres qu’elle avait commencés – de même qu’elle avait achevé toutes ses formations, ses dissertations et ses projets. »

« Les Détails » de Ia Genberg paru aux éditions Le bruit du monde, 192 pages, 21 euros.

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