La Cour de justice européenne considère que les compensations offertes par la France aux familles rapatriées d’Algérie après son indépendance et détenues dans des camps sont jugées insuffisantes. Cette décision représente une forme de reconnaissance pour les descendants de ces familles.
La justice européenne reconnaît les droits des enfants de harkis
La décision de la justice européenne en faveur des quatre enfants de harkis qui l’avaient saisie est une victoire importante. En 1962, leurs parents font partie des rapatriés, les Tamazount, qui ont échappé au massacre en Algérie pour se retrouver dans des camps du sud de la France, d’abord à Rivesaltes puis à Bias.
Un triste épisode de l’histoire de France
Le sort réservé aux harkis après la guerre d’Algérie est l’une des pages sombres de l’histoire de France. Ces musulmans qui ont combattu aux côtés de l’armée française en Algérie ont été largement oubliés par la France, laissés en Algérie pour la plupart. Ceux qui ont été rapatriés en France ont été accueillis dans des conditions déplorables. Aujourd’hui, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour le traitement inhumain des harkis dans les camps.
Les membres de la famille Tamazount ont passé 13 ans enfermés, sans liberté, dans des conditions difficiles. Charles Tamazount, président du comité Harkis et vérité, rappelle que leurs droits fondamentaux étaient bafoués, avec une liberté de mouvement limitée, une scolarisation au sein du camp, une censure du courrier et une spoliation des prestations sociales.
Des réparations jugées insuffisantes
En tout, 40 000 harkis et leurs enfants ont été internés dans ces camps, certains y ont perdu la vie faute de soins adaptés. L’insalubrité et les révoltes récurrentes ont finalement conduit à la fermeture des camps à partir de 1975. Il a fallu attendre 2001 pour que Jacques Chirac exprime la reconnaissance de la France envers les harkis, et en 2021, Emmanuel Macron a demandé pardon. En 2022, une loi de reconnaissance nationale a été votée pour réparer les préjudices subis.
Cependant, les réparations proposées sont jugées insuffisantes par les associations de harkis. La Cour européenne des droits de l’homme a estimé que le montant maximum prévu pour 13 ans passés dans les camps n’était pas adéquat. Le comité Harkis et vérité réclame une indemnisation plus importante, entre 10 000 et 15 000 euros par année passée en détention arbitraire. De nombreux dossiers similaires sont en attente de décision judiciaire, en France et au niveau européen.