Production de tritium relancée en France pour la dissuasion nucléaire

Dissuasion nucléaire : trois questions sur la relance de la filière de production de tritium en France
          Le ministère des Armées a annoncé lundi une "collaboration" avec EDF pour produire avec le CEA du tritium, "un gaz rare indispensable aux armes de la dissuasion".

Lundi, le ministère des Armées a dévoilé une nouvelle collaboration avec EDF dans le but de produire du tritium en partenariat avec le CEA. Ce gaz rare est en effet essentiel pour le fonctionnement des armes de dissuasion.

Une première en France : la production de tritium à des fins militaires à la centrale de Civaux

Une annonce inédite a été faite par le ministère des Armées et EDF le lundi 18 mars. En effet, pour la première fois en France, une centrale du parc nucléaire civil va être utilisée à des fins militaires. Les deux réacteurs de la centrale de Civaux, située dans la Vienne, vont être mis à contribution pour la production de tritium, un gaz rare essentiel dans les armes de dissuasion nucléaire.

Quel est l’objectif de cette relance de la production de tritium ?

Cette décision vise à renforcer la souveraineté française en matière de défense. En effet, cette filière était à l’arrêt depuis 15 ans, depuis que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) fabriquait ce gaz à usage militaire via les réacteurs spécifiques de Marcoule, dans le Gard. Cependant, ces réacteurs ont été arrêtés en 2009, laissant la dissuasion française s’appuyer sur des stocks existants. Or, le tritium étant un gaz difficile à produire et à stocker en raison de sa désintégration naturelle, il est nécessaire d’en refaire régulièrement pour maintenir les armes nucléaires.

Actuellement, la France dispose de stocks suffisants jusqu’en 2035-2040, mais il est essentiel de préparer le renouvellement des réserves de tritium pour l’avenir. Ainsi, la collaboration entre l’armée et EDF vise à assurer une politique de dissuasion à long terme.

Quel rôle joueront EDF et la centrale de Civaux dans cette activité à des fins militaires ?

La participation d’EDF sera principalement technique et en soutien du CEA. Concrètement, la centrale de Civaux va contribuer à une étape de la production de tritium. Des matériaux à irradier seront introduits dans les réacteurs de la centrale en même temps que le combustible classique. Une fois le cycle terminé, la matière radioactive ainsi produite sera remise au CEA pour être transportée jusqu’au site de fabrication du tritium final à Valduc, en Côte-d’Or.

Parallèlement, le CEA relancera un site pour la première étape de production à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. Les deux projets devraient suivre un calendrier similaire, avec des tests prévus à Civaux l’année prochaine, sous réserve de l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Pourquoi la centrale de Civaux a-t-elle été choisie pour ce projet ?

La centrale de Civaux présente l’avantage d’être l’une des plus récentes du parc d’EDF, avec des réacteurs parmi les plus puissants en service en France. Cela offre des conditions techniques optimales et une visibilité à long terme pour ce programme commun. De plus, cette collaboration évite à la fois des investissements importants pour la construction d’un réacteur spécifique et l’importation de tritium.

EDF garantit que cette activité restera marginale et n’entraînera que de légères modifications dans le fonctionnement des réacteurs. La centrale continuera donc de produire de l’électricité comme à l’accoutumée. Il est important de souligner que Civaux sera la seule centrale nucléaire civile en France à être concernée par cette utilisation à des fins militaires, bien que cela se pratique dans d’autres pays comme les États-Unis.

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