Procès gagné par la Comédie-Française contre spécialistes de Molière pour « Tartuffe »

La Comédie-Française gagne son procès contre deux spécialistes de Molière autour d'une adaptation de "Tartuffe"
          Georges Forestier et Isabelle Grellet, deux grands spécialistes de Molière, avaient attaqué en justice en 2022 la Comédie-Française pour violation de leurs droits d’auteur dans le cadre de la présentation de la pièce "Tartuffe ou l’hypocrite".

En 2022, Georges Forestier et Isabelle Grellet, experts renommés de l’œuvre de Molière, ont déposé une plainte contre la Comédie-Française. Ils accusaient la célèbre institution théâtrale de violer leurs droits d’auteur en mettant en scène la pièce « Tartuffe ou l’hypocrite ».

La Comédie-Française a remporté le procès qui l’opposait à deux spécialistes de Molière pour violation des droits d’auteur, selon un jugement rendu le jeudi 28 mars et dont l’AFP a obtenu une copie. Cette affaire concerne « Le Tartuffe ou l’hypocrite », une reconstitution de la possible première version de la célèbre pièce de Molière réalisée par l’universitaire Georges Forestier et la professeure de lettres Isabelle Grellet.

En 1664, Molière avait signé une version en trois actes du Tartuffe, jouée à Versailles devant Louis XIV, mais qui fut rapidement interdite par le roi en raison de son caractère subversif. Le manuscrit original avait ensuite été perdu. La version en cinq actes de 1669, moins virulente, comportant davantage de personnages et intitulée « Le Tartuffe ou l’imposteur », était depuis longtemps considérée comme la seule version connue et jouée de la pièce.

La version « originale » du Tartuffe, dont le texte a été publié en 2021 par les éditions Portaparole, a été un succès à la Comédie-Française en 2022. La mise en scène d’Ivo van Hove a été saluée, et les diffusions dans les cinémas Pathé, ainsi que la tournée à Hambourg, Montpellier, Lyon et Athènes, ont été très appréciées du public.

La Comédie-Française, en tant qu’héritière de la troupe de Molière, a estimé qu’elle n’avait pas à verser de droits d’auteur, considérant que l’auteur était Molière lui-même. Le tribunal judiciaire saisi de ce litige fin 2022 a suivi cette interprétation, concluant que ni Georges Forestier ni Isabelle Grellet ne pouvaient revendiquer la protection par le droit d’auteur de la pièce « Le Tartuffe ou l’hypocrite ».

Les quatre vers écrits par Isabelle Grellet dans le style de Molière n’ont pas convaincu les juges du caractère original de l’oeuvre. L’avocat des plaignants, Jean-Paul Carminati, a déclaré à l’AFP : « C’est un jugement que je trouve très sévère. La structure de la pièce a été entièrement modifiée, sa dramaturgie revue… Et même si l’on considère qu’il s’agit de recherche scientifique plutôt que de création littéraire, le droit d’auteur protège également les écrits scientifiques. »

Les plaignants ont été condamnés à rembourser les frais de justice de la partie adverse et doivent décider s’ils font appel. L’avocat des défendeurs, Julien Guinot-Deléry, a indiqué à l’AFP : « La Comédie-Française se satisfait naturellement de cette décision, mais elle n’entend pas la commenter. »

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