C’est une première historique pour l’Opéra de Paris qui célèbre les 300 ans de la création de l’opéra « Médée » de Marc-Antoine Charpentier, initialement présenté à l’Académie royale de musique. À partir de mercredi, le public pourra assister à cette représentation exceptionnelle sur la prestigieuse scène du Palais Garnier.
Médée de Marc-Antoine Charpentier à l’Opéra de Paris en 2024
L’opéra Médée de Marc-Antoine Charpentier est présenté à l’Opéra de Paris du 10 avril au 11 mai 2024. Cette production est dirigée par David McVicar, avec Lea Desandre dans le rôle de Médée et Reinoud Van Mechelen dans celui de Jason.
Médée est la seule tragédie lyrique du compositeur, créée en 1693 sur un livret de Thomas Corneille. La direction musicale est assurée par William Christie, connu pour sa redécouverte du répertoire baroque et plus spécifiquement de la musique de Charpentier. Ce choix de programmer Médée a été fait par le directeur général Alexander Neef, qui souhaite présenter des œuvres rares au public de l’Opéra de Paris.
Un opéra marginalisé
La longue absence de Médée sur scène s’explique en partie par l’histoire mouvementée de l’œuvre. Selon Fannie Vernaz, conseillère musicale à la Fondation Les Arts Florissants, « C’est l’unique opéra de Charpentier. Il y eut seulement dix représentations, un chiffre peu élevé pour une tragédie en musique à cette époque ». Après une reprise à Lille en 1700, l’opéra ne fut plus joué, l’incendie ayant détruit les décors.
« L’accueil réservé à l’époque était mitigé : l’Académie royale de musique, fortement influencée par le modèle de Lully, ne favorisait pas la reconnaissance de Charpentier », ajoute Fannie Vernaz. Jean-Baptiste Lully, proche de Louis XIV, a toujours écarté Charpentier, et le public de l’époque n’appréciait pas toujours les innovations du compositeur.
Une composition complexe
La redécouverte de l’œuvre de Charpentier à partir de 1945, notamment grâce à Claude Crussard, a révélé la complexité de sa musique. Selon Fannie Vernaz, « Le chant baroque nécessite une compréhension précise des conventions de l’époque. L’opéra français se distingue par son récitatif et ses airs qui ponctuent l’action, créant un théâtre musical raffiné par rapport à l’opéra italien ».
Les progrès dans l’enseignement de la musique ancienne ont permis à de plus en plus de musiciens de se former à ce répertoire. Les conservatoires et académies dispensent désormais une formation approfondie incluant l’étude des partitions et des traités de déclamation ancienne. L’académie pour jeunes chanteurs fondée par William Christie participe également à la formation de nouveaux talents pour l’interprétation de la musique baroque.
