Benjamin Illy nous plonge dans le quotidien de Nelly, une retraitée de 73 ans résidant à Saint-Denis, qui voue une véritable passion à Johnny Hallyday. Cependant, Nelly ne se résume pas qu’à cela. Son histoire nous révèle un pan de la société française, entre moments de joie et de tristesse, en passant par sa passion pour le rock’n’roll et son attachement à Laura Smet.
Une rencontre matinale à Saint-Denis
De bon matin à Saint-Denis, j’ai croisé Nelly en train de discuter avec Hassan, un de ses amis. Rien n’avait été prévu à l’avance. Hassan, ancien collègue de Nelly aux Restos du cœur, a tenu à témoigner sans qu’on lui demande : « Grâce à elle, je suis devenu bénévole moi aussi ». Il faut savoir que Hassan avait été bénéficiaire avant de devenir bénévole, même s’il avait du mal à demander de l’aide. C’est Nelly qui lui a tendu la main et l’a persuadé de se tourner vers les Restos. Une relation de reconnaissance et d’entraide s’est donc établie entre eux.
Direction les Restaurants du cœur de Saint-Denis
Nous nous sommes ensuite rendus aux Restaurants du cœur de Saint-Denis, où Nelly a été bénévole pendant sept ans. Elle n’a pas honte de dire qu’elle a été bénéficiaire elle aussi. Chaque semaine, plus de 900 repas sont servis ici, mais les dons ne suffisent pas à répondre aux besoins croissants. Les bénéficiaires sont de plus en plus nombreux, notamment des retraités, des étudiants et des réfugiés. Les anciens camarades de Nelly l’ont accueillie chaleureusement, exprimant leur nostalgie et leur affection.
Le moral en berne aux Restos du cœur
Nelly a pris du recul il y a un an et a quitté les Restos. Les bénévoles comprennent sa décision, car même eux ressentent un coup au moral quand il n’y a plus rien à donner. Nelly évoque également le manque de reconnaissance de certains bénéficiaires qui ne prennent même plus la peine de dire bonjour ou merci. Fati, une autre bénévole, nuance en expliquant qu’il faut être compréhensif envers ceux qui ont du mal à accepter de venir aux Restos.
Un nouvel engagement solidaire
Nelly, forte de son caractère, n’a pas cessé d’aider les plus démunis. Elle s’est tournée vers une autre association de Saint-Denis, Marhaba, qui signifie « bienvenue ». Dans cette structure plus petite, Nelly se sent mieux et peut avoir des échanges plus personnels avec les bénéficiaires. Elle a également noué une amitié avec Souad, la fondatrice de Marhaba, une personne dynamique et engagée. Souad défend l’idée de donner sa chance à tout le monde et prône la fraternité et la bienveillance.
Avant de nous quitter, Nelly me demande de l’appeler. La sonnerie de son téléphone est une chanson de Johnny Hallyday. Impossible de ne pas lui dire au revoir sur une note musicale.
