Vendredi à Toulouse, cinq structures conçues par un artiste sont mises en vente. Ces maquettes font partie d’un projet colossal commandé par Renault dans les années 1970. Ce projet, qui devait être réalisé à Boulogne-Billancourt, ne verra malheureusement jamais le jour en raison de désaccords entre les parties impliquées.
Un fragment d’histoire de l’art mis aux enchères à Toulouse
Le commissaire-priseur de Toulouse, Guillaume Suduca, met aux enchères un fragment de l’histoire de l’art le vendredi 1er mars. Il s’agit d’une maquette composée de cinq parties qui était destinée à faire partie du Salon d’été de Dubuffet, une œuvre monumentale de 2 000 m², commandée en 1973 par Pierre Dreyfus, directeur de Renault. Ce jardin-sculpture devait servir d’espace de détente pour les ouvriers des usines automobiles de Boulogne-Billancourt.
L’affaire du « Salon d’été »
est devenue célèbre dans le milieu artistique et judiciaire.
(FTV / E. Wat / J. Pigneux / E. Auriaux / C. Bénétreau)
Après la réalisation des maquettes, le chantier démarre en 1975 mais rencontre rapidement des problèmes techniques. Le projet s’avère trop coûteux pour la régie Renault, et les travaux sont interrompus en octobre de la même année.
Cette interruption marque le début d’un long combat judiciaire pour Jean Dubuffet, qui souhaite voir son « salon » aboutir. À l’époque, il dénonce « la désaffection en France à l’égard des œuvres d’art et des productions de l’esprit ».
Ultime rebondissement
La Cour de cassation donne finalement raison à l’artiste en 1983, rejetant le pourvoi de Renault. L’entreprise automobile doit reprendre les travaux huit ans après leur interruption. Cependant, un dernier rebondissement vient enterrer définitivement le projet. « Une fois que Dubuffet obtient gain de cause, il estime que Renault ne le mérite pas », explique Guillaume Suduca, commissaire-priseur. C’est une manière pour l’artiste de se réapproprier son œuvre.
Ces maquettes en résine du Salon d’été ont été données à un salarié de la SAMM, l’entreprise en charge du projet. Leur descendance les a sorties des cartons pour les mettre aux enchères. Pour acquérir un morceau de ce monument perdu, il faudra débourser une somme conséquente. La plus petite structure est estimée entre 6 000 et 8 000 euros.