« La gosse » : Nadia Daam se livre sur sa relation mère-fille

"Ce que j'ai envie de lire en tant que mère, c'est de savoir comment ça peut se passer chez les autres" : dans "La gosse", la journaliste Nadia Daam se livre sur la relation avec sa fille
          Livre sur sa fille adolescente ou plus précisément sur leur relation à deux, "La gosse" permet à Nadia Daam de convoquer des thématiques sur lesquelles elle travaille, comme la parentalité ou le féminisme. Rencontre à Paris.

Dans son dernier ouvrage intitulé « La gosse », Nadia Daam aborde le sujet de sa fille adolescente et de leur relation, mettant en lumière des thématiques qui lui tiennent à cœur telles que la parentalité et le féminisme. L’auteure a récemment présenté son livre lors d’une rencontre à Paris.

Nadia Daam de retour en librairie avec « La gosse »

Ancienne chroniqueuse pour Les Maternelles ou 28 minutes à la télévision et déjà autrice de plusieurs livres, la journaliste Nadia Daam revient en librairie cette semaine avec La gosse, aux éditions Grasset, consacré à sa fille mais pas seulement.

Le processus d’écriture

Franceinfo : On dit toujours « écris sur ce que tu connais ». Ici le sujet était tout trouvé. Est-ce que pour autant vous avez eu du mal à vous décider de l’écrire ?

Nadia Daam : Entre le moment où j’ai eu l’idée de ce livre et celui lorsque j’ai posé son point final, il s’est passé environ deux ans et demi, avec plusieurs moments où j’ai failli renoncer, en me disant que ce n’était n’importe quoi, que ça n’allait intéresser personne d’autre que ma mère et quelques amis… Je me suis interrogée sur l’utilité d’écrire ce livre. Mais en en parlant beaucoup autour de moi, et notamment avec des amies mères d’adolescentes, je me suis rendu compte que ce n’était pas inintéressant de raconter le quotidien d’une mère et sa fille dans ce que ça a de plus pragmatique dans cette banalité du quotidien. Et moi, ce que j’ai envie de lire en tant que mère, c’est justement comment ça peut se passer chez les autres, une fois qu’ils ferment la porte, dans leur intimité.

La franchise de l’auteure

Vous vous dévoilez beaucoup, avec une vraie franchise, évoquant, par exemple, votre propre famille ou le père de votre fille décédé accidentellement en 2018. Il a fallu vous faire violence ?

Oui, ça a été d’autant plus difficile à faire aboutir que j’ai un rapport compliqué au dévoilement. Quand j’ai commencé à écrire sur la parentalité, j’avais pris ce parti de parler de moi, de ma fille. Or, ça, je l’ai payé et ça s’est retourné contre moi (après une chronique consacrée à un forum du site jeuxvideo.com en 2017, Nadia Daam avait été harcelée sur les réseaux sociaux, mais aussi dans sa vie privée, avec des menaces de viol et de mort, l’un de ses harceleurs a été condamné à cinq mois avec sursis en appel, Ndlr). C’est ce qui a permis à mes harceleurs de savoir que j’avais une enfant, de trouver mon adresse et celle de son collège, etc. Donc j’étais très clairement échaudée, mais j’ai décidé très vite que je ne devais pas taire les choses à cause de quelques décérébrés qui avaient décidé de faire ma vie un enfer.

Les thématiques chères à l’auteure

Ce livre sur votre relation avec votre fille vous permet aussi d’y convoquer des thématiques qui vous sont chères ?

C’est un livre qui parle de transmission, et, de fait, cela oblige à convoquer ses convictions politiques, son histoire familiale, ce qu’on appelle le « roman familial ». Si je vais et veux faire le récit à ma fille de ma vie, ça m’interroge sur ce que je sais de ma propre histoire et comment je vais faire coïncider mes convictions politiques féministes avec le réel. Mettre ce féminisme à l’épreuve du réel quand on élève une jeune fille c’est douloureux, ça bouscule beaucoup. Mais c’est fertile comme interrogation.

L’universalité du livre

Le livre touche aussi par son universalité, ça parle à tout le monde, et à la fois vous déculpabilisez ce qu’on pourrait appeler avec les « mauvaises mères », tout en vous méfiant du laxisme…

Je suis convaincue que c’est le lot de beaucoup de parents, notre quotidien est fait d’oscillations permanentes entre ce qu’on perçoit comme du laxisme ou de l’autoritarisme, mais en réalité les parents sont perdus. Tout le monde pense savoir comment les parents d’aujourd’hui élèvent leurs enfants, là il y a cette mode de la parentalité positive, mais c’est faux. On remet en question en permanence – parfois plusieurs fois dans la même journée – la façon dont on va éduquer nos enfants, et je crois que c’est ça aussi qu’il faut justement raconter : on est tous perdus, même parfois illisibles aux yeux de nos enfants, et on ne sait vraiment pas quoi faire de nous, ni d’eux.

La collaboration avec sa fille

A quel point votre fille justement a été impliquée dans la conception du livre ?

Tout le propos du livre est d’appeler à laisser les enfants, en l’occurrence les adolescents, occuper la place qui est la leur, même si parfois ça peut être douloureux pour nous. Ça n’aurait pas eu grand sens pour moi de faire ce livre en lui marchant dessus, sans tenir compte de son avis. Je l’ai donc associée à tout, je lui ai posé la question sur le principe du livre, et ensuite elle a relu absolument tous les chapitres, en refusant certains aspects, ou en me corrigeant sur la forme, sur un vocabulaire aujourd’hui ringard. Je n’aurais évidemment pas imaginé faire ce livre sans sa totale et impitoyable collaboration.

La gosse de Nadia Daam, éditions Grasset.

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