Hommage à Anne Sylvestre : la vie des femmes à travers les générations

"La vie en vrai (avec Anne Sylvestre)", histoires de femmes à travers le temps
          Marie Fortuit et Lucie Sansen rendent hommage à la chanteuse disparue en 2020 à 86 ans dans un spectacle musical qui relie plusieurs générations de femmes.

Marie Fortuit et Lucie Sansen ont décidé de célébrer la mémoire de la chanteuse décédée en 2020 à l’âge de 86 ans à travers un spectacle musical. Ce projet artistique vise à rassembler différentes générations de femmes autour de l’héritage musical laissé par la regrettée artiste. À travers leurs performances, les deux artistes rendent un hommage vibrant et émouvant à cette grande figure de la chanson, permettant ainsi au public de se remémorer et de partager la passion et l’émotion suscitées par ses chansons intemporelles. Ce spectacle musical offre ainsi une occasion unique de célébrer la musique et l’impact qu’elle peut avoir sur les individus, quel que soit leur âge ou leur origine.

Un hommage à Anne Sylvestre à travers les générations d’artistes femmes

Le répertoire d’Anne Sylvestre va bien au-delà de ses chansons pour enfants, les célèbres fabulettes. Même quatre ans après sa disparition, la chanteuse engagée continue d’inspirer la jeune génération d’artistes femmes d’aujourd’hui, qui ont découvert son œuvre tardivement. Dans les années 70, sa chanson « Frangines » était même reprise comme un hymne lors des manifestations du Mouvement de Libération des Femmes. Cinquante ans plus tard, la musicienne Lucie Sansen et la metteuse en scène Marie Fortuit décident de lier leur propre histoire à celle d’Anne Sylvestre.

Dans la salle, les chansons d’Anne Sylvestre rassemblent plusieurs générations de femmes, comme l’explique Marie Fortuit : « Douce maison est une chanson écrite en 1978 qui raconte un viol par la métaphore du cambriolage d’une maison. On sent à quel point le public, quand il comprend par lui-même ce dont il est question d’un point de vue politique, est beaucoup plus impliqué dans la lutte. Ce qui me touche, c’est de tisser ce lien entre les générations qui est tellement nécessaire aujourd’hui. »

Entre les chansons, des archives sont diffusées, comme un extrait de l’émission « Radioscopie » de Jacques Chancel sur France Inter, où le journaliste affirme à Anne Sylvestre qu’elle est d’une certaine agressivité, révélant la banale misogynie de l’époque. Des extraits de textes, comme « Le complexe de la sorcière » d’Isabelle Sorente, viennent également enrichir le spectacle qui rend hommage à la poésie combattante d’Anne Sylvestre. Lucie Sansen a soigné les arrangements musicaux : « J’ai voulu, pour chaque chanson, repartir du texte. Il y a au piano une multitude de possibilités de sentir les élans, de laisser la respiration du chant, c’est tout le plaisir de l’accompagnement du chant. »

La soirée se clôture évidemment avec « Les gens qui doutent », revisité par Vincent Delerm et Anne Chéral, et entendu au cinéma dans le film « Plaire, aimer et courir vite » de Christophe Honoré en 2017. Cette chanson prend aujourd’hui une dimension cathartique : « Quand on la chante avec le public, on célèbre la vulnérabilité comme une force », explique Marie Fortuit. « Les gens qui disent et se contredisent, c’est une autorisation à penser contre soi-même, à refuser les étiquettes dans une forme de crise permanente. » Avec humour, entre douceur et colère, les deux jeunes artistes rendent hommage à leur grande « frangine ».

Le spectacle « La vie en vrai (avec Anne Sylvestre) » est actuellement à l’affiche au théâtre de l’Athénée jusqu’au 5 mai, avant de partir en tournée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut