Festival Cannes : domination masculine persistante malgré présidence féminine

Cannes et les femmes : un rendez-vous en trompe l’œil ?
          Présidé par Iris Knobloch depuis juillet 2022, le Festival de Cannes, qui s’ouvrira le mardi 14 mai, peine à sortir de décennies de domination masculine.

Depuis le mois de juillet 2022, c’est Iris Knobloch qui préside aux destinées du prestigieux Festival de Cannes. Malgré l’ouverture imminente de l’édition prévue pour le mardi 14 mai, l’événement peine toujours à se défaire de l’emprise de la domination masculine qui a perduré pendant des décennies.

Le festival de Cannes a connu des évolutions significatives ces dernières années. En 2022, pour la première fois de son histoire, une femme, Iris Knobloch, présidente de Warner France, a pris la tête du festival, succédant ainsi à Pierre Lescure. Cette nomination a marqué la fin de plusieurs décennies d’hégémonie masculine. De plus, ces dernières années, deux Palmes d’or ont été attribuées à des réalisatrices, avec Julia Ducournau en 2021 et Justine Triet en 2023. Cette année, Meryl Streep recevra une Palme d’honneur, et Greta Gerwig présidera le jury de l’édition 2024, apportant un symbole fort en tant que co-autrice et réalisatrice du film « Barbie ».

Le festival a donc évolué, mais cela intervient après des années de domination masculine. Il a fallu attendre jusqu’en 1993 pour qu’une femme, Jane Campion, reçoive une Palme d’or, qu’elle a partagée avec Chen Kaige. En 2014, Jane Campion, en tant que présidente du jury, a exprimé son irritation quant à la faible représentation des femmes dans l’industrie cinématographique. En 2015, Agnès Varda a reçu une Palme d’honneur pour l’ensemble de son œuvre, mais il a fallu attendre 2021 pour qu’une réalisatrice reçoive une Palme d’or unique en compétition, avec Julia Ducournau pour « Titane », suivie par Justine Triet en 2023 avec « Anatomie d’une chute ». Sur 77 éditions du festival, seuls 97 films réalisés par des femmes ont été sélectionnés pour concourir à la Palme d’or, contre plus de 2000 pour des hommes. Cette sous-représentation des femmes dans l’industrie cinématographique a longtemps été minimisée.

Thierry Frémaux, le délégué général du festival, a justifié cette situation en expliquant que Cannes reflète l’état du cinéma mondial, où les femmes réalisatrices étaient peu nombreuses pendant longtemps. Malgré une lente augmentation du nombre de réalisatrices, celles-ci disposent toujours de budgets inférieurs à ceux des hommes. En 2023, la production de films réalisés par des femmes a même connu une baisse. L’affaire Maria Schneider, victime d’une embuscade lors du tournage d’un film de Bernardo Bertolucci, met en lumière les abus dans l’industrie cinématographique, sans susciter d’indignation à l’époque.

Le festival de Cannes a également été le théâtre de scandales liés à des personnalités du cinéma, tels que Jacques Doillon et Gérard Depardieu. L’affaire Harvey Weinstein a également marqué le festival, dévoilant des comportements prédateurs et des abus de pouvoir. Cette affaire a entraîné des prises de parole et des débats sur le sexisme et les violences dans l’industrie cinématographique.

Aujourd’hui, le festival de Cannes se trouve à un tournant de son histoire, avec la nomination d’Iris Knobloch à sa présidence. Son objectif est de renforcer la part féminine de la sélection du festival et de réformer le conseil d’administration encore dominé par les hommes. Son mandat vise également à séduire Hollywood pour garantir l’attractivité du festival face à ses concurrents. La 74ème édition du festival de Cannes en 2024 marque un moment charnière dans l’industrie du cinéma, avec des enjeux importants liés à la représentation des femmes et à la lutte contre les abus et les violences.

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