Expulsion de migrants vers le Rwanda crée tensions entre Londres et Dublin

La loi controversée qui permet au Royaume-Uni d'expulser des migrants vers le Rwanda, crée des tensions entre Londres et Dublin
          Le projet de loi est entré en vigueur au Royaume-Uni depuis une semaine. Si le Premier ministre britannique s'en félicite, l'Irlande s'en agace et dénonce une augmentation des arrivées illégales sur son territoire.

Depuis une semaine, le Royaume-Uni a mis en place un nouveau projet de loi. Alors que le Premier ministre britannique se réjouit de cette décision, l’Irlande, quant à elle, exprime son mécontentement en dénonçant une hausse des arrivées illégales sur son sol.

Le Premier ministre britannique mise sur l’immigration

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a décidé de concentrer son capital politique sur la question de l’immigration. Son objectif principal est de mettre fin aux traversées clandestines de la Manche et de délocaliser le système d’asile au Rwanda. Cette initiative, connue sous le nom de « loi Rwanda », a été annoncée en 2022 par le gouvernement conservateur de Sunak et est présentée comme un élément central de sa stratégie de lutte contre l’immigration clandestine. Entrée en vigueur le 23 avril 2024, cette loi vise à renvoyer au Rwanda les migrants arrivés illégalement sur le territoire britannique, quelle que soit leur nationalité d’origine.

L’Irlande a déjà exprimé des préoccupations quant à l’augmentation des arrivées illégales sur son territoire, notamment via la frontière avec l’Irlande du Nord. Rishi Sunak s’est réjoui de ces arrivées en Irlande, les considérant comme une preuve du bon fonctionnement de la loi. Cependant, ces commentaires ont irrité le Premier ministre irlandais, Simon Harris, qui a clairement indiqué que l’Irlande ne serait pas une solution aux défis migratoires du Royaume-Uni.

Le Premier ministre britannique maintient sa position

Rishi Sunak continue de se féliciter de son « projet Rwanda », affirmant que les déclarations de la ministre irlandaise de la Justice confirment la pertinence de sa politique. Selon lui, ces déclarations soulignent le caractère mondial du défi de l’immigration illégale et encouragent d’autres pays à envisager des partenariats similaires. Sunak insiste sur le fait que la dissuasion commence à porter ses fruits et que les arrivées illégales pourraient diminuer si les migrants savent qu’ils ne pourront pas rester après être entrés illégalement.

Pour le moment, Londres refuse de reprendre les migrants arrivés illégalement en Irlande tant que la France n’accepte pas le retour de ceux qui ont traversé la Manche. Malgré la mise en place de la loi Rwanda, le rythme des traversées de la Manche reste élevé et le nombre d’arrivées sur les côtes anglaises a augmenté en 2024, principalement en provenance du Vietnam. Le gouvernement britannique a lancé des campagnes de sensibilisation au Vietnam pour dissuader les candidats à l’immigration.

L’opinion britannique partagée

La politique migratoire de Rishi Sunak divise l’opinion britannique. Si une partie de la majorité conservatrice voit cette politique comme une avancée pour reprendre le contrôle des frontières, l’opposition travailliste, une partie de la chambre des Lords et les ONG dénoncent une approche inhumaine et contraire aux engagements internationaux d’accueil et d’asile. Selon les sondages, l’opinion publique britannique est également partagée sur cette question.

L’Irlande légifère en urgence

Face à l’augmentation des arrivées d’étrangers en situation irrégulière en provenance de l’Irlande du Nord, l’Irlande a décidé de légiférer en urgence pour renvoyer les migrants vers le Royaume-Uni. Cette décision a été critiquée par le Conseil irlandais pour les réfugiés. Le gouvernement irlandais a également proposé d’accélérer le retour des demandeurs d’asile en provenance du Nigeria, en réponse à une augmentation des demandes, dont certaines viennent du Royaume-Uni.

Selon les autorités irlandaises, l’augmentation des arrivées en provenance du Nord est liée aux conséquences de la frontière ouverte entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, établie après le Brexit pour éviter les tensions historiques entre les deux parties de l’île.

Tensions entre Belfast et Dublin

Les tensions entre Londres et Dublin sont palpables, notamment après l’annonce du retrait de la ministre de la Justice irlandaise d’une conférence anglo-irlandaise. Les relations avec Belfast semblent également tendues, car aucune communication n’a été établie concernant les demandeurs d’asile traversant la frontière vers la République d’Irlande. Pour la Première ministre d’Irlande du Nord, Michelle O’Neill, le manque de contact illustre le désordre du gouvernement irlandais face à la question migratoire.

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