Ecobordering: notion brandie par l’extrême droite pour enraciner individus dans leur terre

Qu'est-ce que "l'ecobordering", cette notion brandie par l'extrême droite qui veut enraciner les individus dans leur terre
          Tous les samedis, on décrypte les enjeux du climat avec François Gemenne, professeur à HEC, président du Conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l'homme et membre du GIEC.

Chaque semaine, le professeur François Gemenne, expert en climat et président du Conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l’homme, nous guide à travers les différents enjeux liés au changement climatique. Son expertise en la matière, ainsi que sa participation au GIEC, font de lui une référence incontournable dans le domaine de l’environnement. Chaque samedi, il partage avec nous ses analyses et ses recommandations pour agir en faveur de la planète.

L’écobordering : une nouvelle forme d’écologie controversée

Cette semaine, François Gemenne aborde le concept intrigant de l’ecobordering. Ce terme désigne une tendance à considérer la fermeture des frontières comme un moyen de protéger l’environnement. Cette idée, parfois qualifiée d’écofrontiérisme, est devenue le nouveau crédo de l’extrême droite européenne, comme l’a souligné Jordan Bardella en 2019.

Selon François Gemenne, l’origine de cette idée remonte à des penseurs conservateurs qui mettent en avant la pureté originelle de la nature. Ces philosophes estiment que seuls ceux qui possèdent et travaillent la terre sont capables de la protéger, considérant les non-propriétaires comme une menace pour l’environnement. Cette vision paradoxale se retrouve également chez certains écologistes radicaux, prônant un retour à la terre pour préserver l’environnement.

Les frontières comme rempart environnemental

Certains ont établi un lien similaire entre la protection de l’environnement et la question des frontières. L’idée sous-jacente est que les personnes venant d’ailleurs et ne possédant pas de terre représentent une menace pour la nature originelle.

Selon François Gemenne, cette approche vise à justifier la fermeture des frontières en utilisant la protection de l’environnement comme prétexte. Ce raisonnement a été adopté par l’extrême droite américaine, qui a tenté de lier l’immigration à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Le localisme comme nouveau credo écologique

En Europe, des partis politiques comme le Rassemblement national ont développé le localisme comme un pilier de leur vision écologique. Ils prônent la production, la consommation et les déplacements locaux, considérant les échanges comme une menace pour l’environnement. Cette vision se base sur l’autarcie, valorisant l’enracinement de chaque individu dans un terroir.

Les risques de dérives identitaires et survivalistes

Bien que certains militants écologistes défendent également un retour à la terre, ils le font pour des raisons différentes et non identitaires. Ils mettent en garde contre les discours de peur et d’effondrement, susceptibles de conduire à des idéologies dangereuses telles que l’écofascisme.

François Gemenne souligne que la fermeture des frontières et le repli sur soi seraient néfastes pour la lutte contre le changement climatique. Il met en avant le rôle crucial de la coopération internationale dans cette lutte, soulignant que les enjeux climatiques dépassent les frontières nationales.

En conclusion, il met en garde contre le nationalisme, considéré comme un obstacle majeur à la protection de l’environnement. Il souligne que la solution réside dans une approche globale et coopérative, car le climat lie les destins de tous les pays du monde.

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