Deux inédits de Jean Genet chez Gallimard : « Mademoiselle » et « Héliogabale »

"Mademoiselle" et "Héliogabale" : deux inédits de Jean Genet publiés par Gallimard
          Une pièce de théâtre et le scénario d'un film écrits par l'auteur des "Bonnes" sont publiés jeudi par la célèbre maison d'édition.

Jeudi, une maison d’édition renommée publie une pièce de théâtre ainsi que le scénario d’un film rédigés par l’auteur des « Bonnes ».

Deux inédits de Jean Genet chez Gallimard

Les éditions Gallimard viennent de publier le jeudi 4 avril deux textes inédits de Jean Genet. Il s’agit d’une pièce intitulée Héliogabale, un drame en quatre actes qui n’a jamais été joué sur scène et qui était considéré comme perdu pendant longtemps, ainsi que du scénario de Mademoiselle, adapté au cinéma par le réalisateur britannique Tony Richardson en 1966. Le film met en vedette, entre autres, l’actrice Jeanne Moreau dans le rôle principal.

Jean Genet (1910-1986) a initialement rédigé le scénario de Mademoiselle sous forme d’une longue nouvelle avec des dialogues en 1951, sous le titre Les Rêves interdits ou l’autre versant du rêve. Après plusieurs tentatives infructueuses avec d’autres réalisateurs, l’écrivain a été approché par Tony Richardson pour retravailler le scénario. Cependant, Genet s’est désintéressé du projet et n’a pas donné suite. Le film a tout de même été tourné en Corrèze et mal accueilli lors de sa projection au festival de Cannes en 1966.

Une pièce méconnue

En revanche, le drame en quatre actes Héliogabale est resté largement méconnu. Il a été principalement écrit par Genet lors de son séjour en prison à Fresnes en 1942, à la même époque où il écrivait son premier roman, Notre-Dame des Fleurs. Incarcéré pour le vol de livres, Genet, âgé de 31 ans, traversait alors la période la plus prolifique de sa carrière d’écrivain, qui ne faisait que commencer. Après sa libération, il a fait lire la pièce à certains de ses proches ainsi qu’à Jean Marais, à qui le rôle principal avait été proposé, mais qui n’était guère enthousiasmé, selon l’introduction rédigée par François Rouget, professeur à l’université Queen’s de Kingston (Canada). Jean Cocteau l’a également lue, mais Genet n’a jamais réussi à trouver un éditeur pour cette pièce.

Il a laissé le manuscrit au secrétaire de Cocteau, qui l’a vendu à un libraire spécialisé dans les années 1950. Par la suite, la bibliothèque de l’université Harvard, la Houghton Library, l’a acquise en 1983, trois ans avant le décès de Genet. C’est là que François Rouget l’a découvert. Héliogabale raconte les derniers jours de l’empereur romain du même nom, assassiné à l’âge de 19 ans en l’an 222.

Dans une critique approfondie pour la revue NRF, l’écrivain Jonathan Littell (prix Goncourt 2006 pour Les Bienveillantes) décrit ce personnage comme un « énergumène fabuleux, solaire et pervers qui a tant fasciné Genet » et qui est resté dans l’imaginaire collectif à travers les siècles grâce à la littérature, notamment grâce à l’essai Héliogabale ou l’anarchiste couronné d’Antonin Artaud (1934). Littell dépeint également Genet de l’époque comme étant tiraillé entre ses ambitions littéraires démesurées et la réalité difficile de sa situation, marquée par la pauvreté et la quête de ses origines, étant né d’un père inconnu et abandonné par sa mère.

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