CPF : Bercy impose une participation aux salariés pour faire des économies

Compte professionnel de formation : Bercy va demander une participation aux salariés
          Le CPF est victime de son succès. Pour faire des économies, le gouvernement a annoncé, lundi, qu'il allait imposer une "participation forfaitaire" aux salariés qui veulent utiliser leur compte personnel de formation.

Le Compte Personnel de Formation (CPF) connaît un engouement croissant qui pose problème. Afin de réduire les dépenses, les autorités ont dévoilé leur intention d’introduire une « participation forfaitaire » pour les employés souhaitant bénéficier de leur CPF. Cette mesure vise à limiter les abus et à mieux contrôler l’utilisation des fonds alloués aux formations professionnelles.

Le gouvernement demande une participation financière des salariés pour leur formation

Thomas Cazenave, ministre des Comptes publics, a annoncé que dans le cadre des 10 milliards d’économies supplémentaires prévues cette année, le gouvernement prévoit de demander aux salariés de contribuer financièrement à leur formation lorsqu’ils utilisent leur compte professionnel de formation (CPF). Un forfait sera mis en place, alors qu’auparavant la formation pouvait être entièrement prise en charge. Le montant de cette participation n’a pas encore été fixé, mais elle devrait représenter environ 10% du coût de la formation. Les demandeurs d’emploi seront quant à eux exemptés de cette participation.

Le CPF est de plus en plus utilisé. L’année dernière, plus de 1,25 million de salariés ont eu recours à ce dispositif et désormais le gouvernement durcit les règles. Il permet de suivre des cours de langues, d’acquérir de nouvelles compétences techniques ou informatiques, d’obtenir une certification, ou même de financer le permis de conduire, l’une des principales utilisations du CPF. Depuis le 1er janvier 2024, le permis moto peut également être financé via le CPF, ce qui suscite la polémique. Les employeurs dénoncent notamment des formations éloignées du monde du travail, réalisées uniquement pour le plaisir. Selon la Dares, 17% des dossiers validés par le CPF n’ont pas de finalité professionnelle.

Face à ce contexte et à la recherche de ressources, le ministère de l’Économie militait depuis des mois en faveur de l’introduction d’une participation financière des salariés. Bercy a donc remporté ce combat et espère réaliser des économies de 200 millions d’euros sur les deux milliards d’euros que coûte chaque année le CPF aux finances publiques.

Les syndicats s’opposent vivement

Des économies ont déjà été réalisées sur le CPF, c’est d’ailleurs l’argument des syndicats CFDT et CGT, qui s’opposent vivement à cette annonce. Tous soulignent qu’une traque aux abus et fraudes au CPF a déjà permis d’économiser plus d’un milliard d’euros l’année précédente. Pour eux, instaurer une participation financière revient à trahir la promesse initiale du CPF. Lors de son lancement par Muriel Pénicaud, alors ministre du Travail, le CPF était présenté comme un outil simple et accessible destiné à encourager la formation des salariés.

Il devait prioritairement bénéficier aux travailleurs les moins qualifiés, les plus modestes, les ouvriers, les précaires. Selon les syndicats, introduire cette contribution financière risque non seulement de freiner la dynamique de formation, mais aussi de créer des inégalités, seuls ceux ayant les moyens pourraient alors se former. Malgré la volonté de Bercy d’agir rapidement et de mettre en place cette participation dès le printemps, le ministère du Travail prévoit de dialoguer avec les partenaires sociaux avant toute décision définitive.

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