Choléra à La Réunion et Mayotte : Deux cas identifiés, action rapide nécessaire, selon l’épidémiologiste

Cas de choléra à La Réunion et à Mayotte : "On est encore loin d'une épidémie", note l'épidémiologiste Renaud Piarroux
          Pour le médecin, les deux cas identifiés sur les deux îles sont à "prendre au sérieux". "Il faut mener des actions très rapidement pour éviter que la maladie se transmette autour des patients", conseille-t-il.

Selon le spécialiste de la santé, il est crucial de considérer sérieusement les deux cas détectés sur les îles. Il souligne l’urgence d’agir rapidement pour empêcher la propagation de la maladie parmi les patients.

Deux cas confirmés de choléra à La Réunion et à Mayotte

Deux cas confirmés et un même appel à la vigilance. A La Réunion, une personne qui avait voyagé en Inde a contracté le choléra. C’est ce qu’a confirmé l’Agence régionale de santé (ARS) jeudi 21 mars. Deux jours plus tôt, à Mayotte, à plus de 1 400 km de là, un premier cas avait été confirmé par la préfecture. Il s’agissait d’une personne en provenance des Comores voisines et arrivée clandestinement dans l’archipel mahorais, selon cette même source. « Les services de l’Etat sont pleinement mobilisés », a assuré le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, devant les sénateurs. Faut-il s’inquiéter de ces cas récemment recensés ? Franceinfo a interrogé l’épidémiologiste Renaud Piarroux, spécialiste du choléra.

Qu’est-ce que le choléra ? Peut-on encore en mourir aujourd’hui ?

Renaud Piarroux : Le choléra est une maladie diarrhéique. Le microbe à l’origine de la pathologie s’appelle vibrio choleræ et provoque de la diarrhée et des vomissements. S’ils sont très importants, cela peut causer une déshydratation majeure chez certains malades et mettre en jeu leur pronostic vital. Mais cela n’arrive pas dans tous les cas, heureusement.

Théoriquement, c’est une maladie qui se soigne très bien. Le problème du choléra, c’est de réhydrater les patients à temps, en leur donnant simplement à boire des solutés de réhydratation, composés d’eau, de sels et de sucre dans des doses adéquates. Quand la déshydratation devient plus importante et que les vomissements empêchent la réhydratation par voie orale, il faut alors injecter le soluté de réhydratation via une perfusion.

« En faisant ça, plus de 99% des patients sont soignés en quelques jours, sans avoir de séquelles. »

Renaud Piarroux, spécialiste du choléra

à franceinfo

En revanche, si les malades arrivent trop tard, qu’il n’y a pas d’accès aux soins ou si les centres de soins sont mal équipés ou ne disposent pas de solutés de réhydratation par voie intraveineuse, le choléra peut être mortel. Ce qui est très effrayant pour les populations touchées par cette maladie, c’est la rapidité avec laquelle, dans certains cas, elle peut tuer un malade.

Comment expliquer que ces cas aient été recensés à Mayotte et à La Réunion ?

Le cas de Mayotte s’explique par la flambée du choléra aux Comores, qui sont à quelques dizaines de kilomètres, plus précisément sur l’île d’Anjouan. Pour ce qui est de La Réunion, c’est une autre origine puisqu’il s’agit d’une personne qui a voyagé. C’est donc une simple coïncidence, qui traduit le fait que le choléra n’est toujours pas maîtrisé sur le plan mondial.

Est-ce la première fois que les deux îles font face à cette maladie ?

Non. C’est déjà arrivé à La Réunion, où il y a déjà eu un cas en 2022. Pour Mayotte, c’est fort probable aussi car l’archipel est situé à proximité de celui des Comores, qui a fait face à plusieurs vagues de choléra ces cinquante dernières années.

Y a-t-il un risque que la maladie se propage au sein des deux îles ?

Il est normal qu’on s’en inquiète, mais on est encore loin d’être face à une épidémie. Les flambées épidémiques sont essentiellement provoquées par l’ingestion d’eau souillée ou d’aliments contaminés par les malades, parfois par des cérémonies funéraires mal sécurisées.

« A La Réunion, la situation semble ne pas poser problème et le risque de diffusion épidémique me paraît très faible. »

Renaud Piarroux, spécialiste du choléra

à franceinfo

A Mayotte, en revanche, il y a un peu plus d’inquiétude, dans la mesure où il y a un problème d’approvisionnement en eau, avec des coupures d’eau régulières, et des populations qui sont dans des conditions d’habitat précaire. Il faut être beaucoup plus vigilant. Malgré cela, à mon avis, on n’est pas dans les mêmes circonstances que dans le reste de l’archipel des Comores, confronté à beaucoup de cas de choléra, et qui rencontre encore plus de problèmes d’accès à l’eau.

Comment réagir pour éviter une épidémie ?

L’enjeu est de prendre le problème au sérieux, même s’il n’y a que peu de cas. Il faut mener des actions très rapidement pour éviter que la maladie se transmette autour des patients. Il faut les soigner, les isoler et prendre en charge les cas contact. Ce sont des choses assez basiques qui, quand elles sont bien faites, évitent le déclenchement des épidémies. En revanche, plus l’habitat est précaire, plus l’accès à l’eau est mauvais et plus l’accès aux soins est difficile – on peut penser aux personnes qui sont en situation irrégulière qui pourraient hésiter à recourir aux soins – plus le risque de transmission du choléra est élevé.

Quelles sont les régions du globe particulièrement touchées par la maladie ?

Il existe deux foyers épidémiques principaux. Le premier se situe dans le sud de l’Asie, ce qui correspond au cas recensé à La Réunion. L’autre se trouve en Afrique, en particulier en Afrique de l’Est, ce qui augmente le risque de passage du choléra depuis la Tanzanie jusqu’aux Comores, puis Mayotte. Il y a donc toujours un risque d’être face à des cas importés.

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