Banques françaises : Financement massif des énergies fossiles, dénonce Reclaim Finance

Énergies fossiles et banques françaises : "Tout nouveau projet de pétrole ou de gaz verrouille des émissions pendant des décennies", dénonce Lucie Pinson de Reclaim Finance
          D'après le rapport de plusieurs ONG, les 60 plus grandes banques ont prêté ou arrangé plus de 700 milliards de dollars au profit des énergies fossiles en 2023. Lucie Pinson, directrice de l'organisation non gouvernementale Reclaim Finance qui promeut le désinvestissement des énergies fossiles, donne son analyse.

Selon le rapport récemment publié par plusieurs organisations non gouvernementales, il a été révélé que les 60 plus grandes banques ont accordé des prêts ou facilité des transactions d’un montant dépassant les 700 milliards de dollars en faveur des énergies fossiles au cours de l’année 2023. Lucie Pinson, qui occupe le poste de directrice au sein de l’ONG Reclaim Finance, s’est exprimée sur ces chiffres alarmants. Cette organisation est engagée dans la promotion du désinvestissement des énergies fossiles et s’efforce de sensibiliser sur l’urgence de la transition vers des sources d’énergie plus durables.

Les financements des grandes banques mondiales dans les énergies fossiles

Depuis la signature de l’accord de Paris à la fin de l’année 2015, les 60 plus grandes banques mondiales ont accordé un total de 7 105 milliards de dollars aux secteurs du pétrole, du gaz et du charbon. Les banques américaines se positionnent en tête de ce classement, avec 31% des financements, suivies des banques chinoises (15%), canadiennes (13%) et japonaises (12%). En 2023, ces banques ont encore consacré plus de 700 milliards de dollars à ces secteurs, bien que ce chiffre soit en baisse, selon le rapport « Banking on Climate Chaos » publié par un consortium d’ONG.

Lucie Pinson, militante pour la transition énergétique et directrice de l’organisation non gouvernementale Reclaim Finance, souligne que malgré les engagements pris en matière climatique, les grandes banques françaises continuent de financer l’expansion des énergies fossiles. En effet, ces banques ont alloué 67 milliards de dollars à ce secteur, principalement pour le développement du pétrole et du gaz depuis 2021.

Cette diminution des financements peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment la remontée des taux d’intérêt qui rend l’accès aux capitaux plus difficile pour les entreprises. De plus, certaines entreprises ont pu privilégier l’auto-financement ou se tourner vers d’autres sources de financement alternatives comme le private equity. Cependant, cette baisse des financements n’est peut-être que temporaire.

Engagements des banques pour la transition

Malgré ces chiffres, les banques affirment être engagées dans la transition énergétique. BNP Paribas vise à consacrer 90% de ses financements aux énergies renouvelables d’ici 2030, tandis que le Crédit Agricole s’est engagé à ne plus investir dans de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles. Cependant, certains engagements restent flous, comme le financement de nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié par le Crédit Agricole.

Selon Lucie Pinson, il est nécessaire que les banques s’alignent davantage sur les recommandations scientifiques en cessant tout financement des énergies fossiles. La finance joue un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique, car les décisions prises aujourd’hui auront un impact sur le monde de demain. Il est donc primordial d’orienter les financements vers des projets durables et respectueux de l’environnement.

Le rôle de l’État et des réglementations

Face à l’urgence climatique, certains militants estiment que les réglementations actuelles ne vont pas assez loin et pas assez vite. Ils appellent à une intervention de l’État pour mettre en place des mesures contraignantes visant à limiter les financements des énergies fossiles. En effet, le gouvernement français a exprimé sa volonté de sortir des énergies fossiles, mais il est critiqué pour ne pas agir suffisamment contre le financement de ces projets à l’étranger par les banques françaises.

Malgré ces critiques, il existe un essor de la finance durable avec de plus en plus de produits financiers orientés vers des projets verts et durables. Cependant, il est essentiel de souligner que ces financements ne doivent pas simplement compléter ceux alloués aux énergies fossiles. La transition énergétique nécessite de sortir progressivement des activités polluantes pour se tourner exclusivement vers des projets verts.

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