La politique d’austérité mise en place par le président Milei impacte de manière significative le secteur du livre en Argentine, pays reconnu pour son amour de la littérature et notamment pour avoir vu naître des écrivains de renom tels que Borges. La Foire du Livre de Buenos Aires, événement majeur pour les amoureux de la lecture, se déroule actuellement et ce jusqu’au 13 mai, dans un climat mêlant à la fois désespoir et colère face à la situation économique actuelle.
La Foire du livre de Buenos Aires sous tension
La Foire du livre de Buenos Aires, événement littéraire majeur d’Amérique latine, se déroule jusqu’au 13 mai dans un contexte de mécontentement et de révolte envers le président ultralibéral Javier Milei. Elu en décembre 2023, ce dernier, également essayiste, mène une politique d’austérité et de dérégulation sans précédent depuis cinq mois, impactant les crédits culturels, universitaires et l’accès à la lecture.
Selon l’écrivaine Liliana Heker, le livre a une symbolique particulière en cette période où la culture est attaquée. Lors de son discours d’ouverture de la Foire, elle a exprimé son inquiétude face à l’augmentation de la pauvreté et de l’indigence, ainsi que des licenciements massifs.
Une baisse de 40% des ventes de livres en un an
Les ventes de livres ont fortement chuté en Argentine, avec des baisses de 20% en janvier, 25% en février et près de 40% en mars par rapport à l’année précédente. Selon Juan Pampin, président de la maison d’édition Corregidores, cette situation s’explique par l’explosion des prix des matières premières due à la dévaluation de 54% en décembre, ainsi que par une inflation atteignant 288% sur un an.
Cette crise touche de plein fouet un pays marqué par une forte tradition littéraire, comptant le plus grand nombre de librairies par habitant en Amérique latine. La Foire du Livre, qui réunit chaque année de nombreux exposants internationaux, se déroule cette fois-ci dans un climat tendu entre le monde de la culture et le gouvernement.
Conflit entre le monde de la culture et l’administration Milei
La Fondation el Libro, organisatrice de la Foire, a exprimé son mécontentement suite au refus du gouvernement de participer à l’événement, justifiant cette décision par des raisons économiques. Cependant, le président de la Foire, Alejandro Vaccaro, a vivement critiqué Milei, l’accusant de nuire à l’expression culturelle et de désengager le soutien financier de la banque publique Banco Nacion.
Malgré son implication passée dans la Foire du Livre en tant qu’essayiste, Javier Milei a annulé sa participation cette année en raison de l’hostilité à son égard. Il présentera son dernier ouvrage dans un contexte politique lors d’un meeting fin mai, loin de la Foire.
